Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/268

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ils partaient de suite à l’hôpital ; il leur était retenu quatre sous par jour, et à leur sortie ils avaient quatre jours de salle de police.

Enfin l’Empereur, dans les premiers jours d’octobre, donna l’ordre de nous tenir prêts à partir sous peu de jours ; nos officiers firent faire nos malles pour les porter au magasin. Il était temps ; l’ordre arriva de partir pour Bayonne. Je dis à mes camarades : « Nous allons en Espagne, gare les puces et les poux ! ils soulèvent la paille dans les casernes, et se promènent comme des fourmis sur le pavé. Gare nos ivrognes ! le vin du pays rend fou, on ne peut le boire[1]. »

De Bayonne, nous allâmes à Irun, puis à Vittoria, jolie ville ; puis à Burgos où nous restâmes quelques jours. La ville est pourvue d’une belle église ; l’intérieur de l’édifice est de toute beauté : le cadran de l’horloge est en dedans ; à midi les deux battants s’ouvrent, et on voit défiler des objets curieux. La principale flèche de ce bel édifice est flanquée de petites tours qui forment quatre faces, et de jolies chambres qui communiquent l’une dans l’autre ; un petit escalier qui part d’un grand vestibule longe à gauche l’édifice ; au bout, est un beau jardin. Nos grenadiers à cheval placèrent leurs che-

  1. C’est ce qui arriva. Au bout de huit jours de séjour à Valladolid, il fallut faire manger la soupe à nos ivrognes, ils tremblaient et ne pouvaient tenir leurs cuillers. (Coignet.)