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LES CAHIERS

vaux sous les beaux arceaux qui étaient occupés du côté gauche par des balles de coton. Ils allaient partir pour aller au fourrage, lorsqu’au pied du petit escalier, paraît un petit garçon de onze à douze ans qui se présente à nos grenadiers. Étant aperçu par un d’eux, il se retire pour regagner son escalier, mais le grenadier le suit et parvient à le joindre au haut de l’édifice. Arrivé sur le palier, le petit garçon fait ouvrir la porte et le grenadier entre avec lui. La porte se referme et les moines lui coupent la tête ; le petit garçon redescend, se fait voir encore et un autre grenadier le suit ; il subit le même sort. Le petit garçon revint une troisième fois, mais un grenadier qui avait vu monter ses camarades dit à ceux qui rentraient de la corvée du fourrage : « Voilà deux des nôtres montés au clocher qui ne reviennent pas. Nos camarades sont peut-être enfermés dans le clocher ; faut voir cela de suite. »

Les voilà partis poursuivre l’enfant ; ils prennent leurs carabines, montent le petit escalier étroit, et pour ne pas être surpris, ils font feu en arrivant en haut, enfoncent la porte et trouvent leurs deux camarades, la tête tranchée, baignant dans leur sang. Quelle fureur pour nos vieux soldats ! Ils firent un carnage de ces moines scélérats, ils étaient huit avec des armes et des munitions de toutes espèces, et des vivres et du vin, c’était une vraie citadelle. On jeta les ca-