Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/296

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porter l’épée, la canne et les bas de soie l’été. J’étais pourtant bien en peine pour une chose : je n’avais point de mollets ; il fallut a voir recours aux faux mollets ; ça me taquinait.

Après un repos de quinze jours dans la belle caserne de Courbevoie, habillés à neuf, nous passâmes la revue de l’Empereur aux Tuileries. On faisait des préparatifs pour l’enterrement du maréchal Lannes, cent mille hommes formaient le cortège du célèbre guerrier, qui partit du Gros-Caillou pour se rendre au Panthéon. Je fus du nombre des sous-officiers qui le portèrent ; nous étions seize pour le descendre de huit ou dix degrés sur le côté gauche de l’aile du Panthéon, là nous le déposâmes sur des tréteaux. Toute l’armée avait défilé devant les restes de ce bon guerrier ; cela dura jusqu’à minuit.

Je repris mon service dans mes fonctions de sous-officier ; je m’appliquais à écrire, et un jour, étant de garde à Saint-Cloud, je fis un rapport de mes 50 grenadiers, avec tous les noms bien écrits, et le portai moi-même à M. Belcourt qui fut content de la netteté de mon rapport : « Continuez, me dit-il, vous êtes sauvé. » Que je me donnais de peine pour apprendre ma théorie ! Je surpassais mes camarades pour le ton du commandement, je fus désigné comme ayant la plus forte voix ; je me trouvais heureux avec mon grade de sergent et 43 sous par jour. Ayant des visites indispensables à faire, je me mis sur