Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/312

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de l’Empereur, je me mis un peu sur le côté pour les laisser passer. Voilà les gazelles qui arrivent au galop vers Leurs Majestés. Ces animaux sont friands de tabac, et l’Empereur avait toujours sa petite boîte toute prête pour les satisfaire. N’étant pas assez prompt pour en donner au premier broquart, celui-ci baisse la tête sous la robe de son épouse, et me fait voir du linge bien blanc. L’Empereur, furieux, ne se possédait pas, je me retirai confus, mais ce souvenir me fait encore plaisir. Ces charmantes bêtes eurent leur pardon, mais ensuite il venait seul leur apporter du tabac.

L’Empereur donna un bal magnifique ; ce fut lui qui l’ouvrit avec Marie-Louise. Non, jamais, on ne put voir homme mieux fait que l’Empereur. On pouvait dire de lui que c’était un vrai modèle, personne ne pouvait l’égaler par les pieds et les mains.

Marie-Louise était la plus forte au billard ; elle battait tous les hommes, mais elle ne craignait pas de s’allonger comme un homme sur le billard quand il le fallait pour donner son coup de queue, et moi toujours l’œil au guet pour voir ; elle était souvent applaudie.

Le service de Saint-Cloud était pénible pour nous, il fallait faire le trajet de Courbevoie à Saint-Cloud, et les chasseurs venaient de Rueil pour nous relever, mais aussi nous étions nourris et le sergent servi seul : soupe, bouilli, bon