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LES CAHIERS

gent-major pour devenir simples grenadiers. J’avais du mal à rompre quelques mauvaises têtes, mais il fallait plier ; j’avais le don de leur en imposer. Tout se passait devant les officiers de semaine et j’étais bien secondé par les deux adjudants-majors qui tenaient ferme pour la discipline. C’était devant le pavillon des officiers qui voyaient ces mouvements ; ils avaient dans la caserne leur pension, d’où ils passaient dans leur jardin. Ils me firent appeler pour me montrer le plan d’un grand parterre qu’ils voulaient faire faire par les consignés. « Nous leur donnerons, me dirent ces messieurs, une bouteille de vin par homme, si vous voulez les diriger. — Je veux bien. — Très bien ! nous allons vous tirer une ligne sur la terrasse et vous marquer la place des trous pour planter des acacias qui formeront deux quinconces sur le devant de la caserne et un de chaque côté de la grille. Allez faire l’appel de vos consignés et prévenez-les pour demain. »

Après l’appel, je leur dis : « Vous ne ferez plus d’exercice, nous allons planter des arbres pour nous mettre à l’ombre. — Bravo ! mon sergent, cela nous amusera. — Vous ne serez pas gênés. Je vous ferai faire un trou par quatre hommes et vous avez deux heures. — Nous sommes contents. — Allez vous reposer ! À six heures, le rappel des consignés. Une partie prendra le balai et les autres feront des trous. »