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l’armée russe avaient dépassé la ville et nous regardaient passer ; avec quelques coups de fusil, on les arrêta, mais la déroute était complète. Arrivés à la montagne de Vilna, le désordre était à son comble. Tout le matériel de l’armée et les voitures de l’Empereur restèrent au pied ; les soldats se chargèrent de vaisselle plate ; toutes les caisses et les tonneaux furent défoncés. Que de butin resta sur la place ! Non, mille fois non, on ne peut voir un pareil tableau.

Nous marchâmes sur Kotvno que le roi de Naples atteignit le 11 décembre à minuit ; il en partit le 13 à cinq heures du matin et se porta sur Gumbinnen avec la garde. Malgré les efforts du maréchal Ney, secondé par le général Gérard, Kowno ne tarda pas à tomber au pouvoir des Russes. La retraite était urgente ; le maréchal Ney l’effectua à neuf heures du soir après avoir détruit tout ce qui restait en matériel d’artillerie, en approvisionnements, et avoir mis le feu aux ponts. Les Français se retirèrent sur l’Oder, et, après l’évacuation de Berlin, vinrent prendre position sur l’Elbe sous le commandement du prince Eugène, par suite du départ de Murât qui abandonna le commandement le 8 janvier 1813 pour retourner dans ses États. Je puis dire à la louange du maréchal Nev qu’il maintint l’ennemi à Kowno par son intrépidité ; je l’ai vu prendre un fusil avec cinq hommes et faire face à l’ennemi. À de pareils hommes, la patrie peut