Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
344
les cahiers

cin et un bottier pour visiter mon pied gauche qui avait été gelé. Il fallait consulter, le médecin pour me faire faire une botte. Il fut décidé de m’en faire une fourrée en lapin, et d’y laisser mon pied en prison après avoir fendu la botte pour me panser : « Faites la botte cette nuit, dis-je, je vous donne 20 francs. — Demain, à huit heures, vous l’aurez. » Je gardai donc mes bottes. Le lendemain, arrivèrent le médecin et le bottier ; celui-ci fendit ma botte, et on vit le pied d’un nouveau-né ; plus d’ongles, plus de peau, mais dans un état parfait. — Vous êtes sauvé, me dit le médecin.

Il fait appeler le maître et son épouse : « Venez voir, leur dit-il, un pied de poulet. Il me faudrait du linge pour l’envelopper. » Ils donnèrent de bonne grâce du linge lin et bien blanc ; mon pied fut remis dans ma botte bien lacée. Je demande au médecin : « Combien vous faut-il ? — Je suis payé, me dit-il, ce service ne se paye pas. — Mais. — Pas de mais, s’il vous plaît. »

Je lui tendis la main. « Je vais vous donner, ajouta-t-il, un moyen de vous guérir. Votre pied va craindre le froid et la chaleur ; ne le mettez pas à l’air, il faut qu’il reste longtemps comme il se trouve, mais si vous pouvez arriver à la saison des fraises, vous en écraserez plein un plat contenant de deux à trois livres et vous en ferez une compresse autour de votre pied. Vous continuerez ainsi pendant la saison des fraises, et ja-