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Je viens vous demander votre main pour moi ; je fais ma commission moi-même, sans préambule et sans détour ; je ne sais pas faire de phrases ; c’est en franc militaire que je vous demande. — Eh bien, je vous réponds de même, cela se peut. — Eh bien, Mademoiselle, votre heure, s’il vous plaît, pour parler de cette sérieuse affaire ? — À six heures. »

À six heures précises, je me présente : « Vous n’avez pas la permission ? — Je vais la demander, mais il faut convenir de nos faits et de nos fortunes. Pour avoir la permission, il faut que ma future apporte en dot 12,000 francs. — Je puis le prouver, dit-elle, y compris ma maison et mon mobilier ; ainsi nous sommes d’accord. — Pour moi, je n’ai rien que quelques arpents de terre et des vignes, mais je ne dois rien ; toutes mes petites économies sont enfouies dans la réparation de mes vignes ; je ne croyais pas me marier sitôt. — Eh bien, demandez votre permission, je vous donne ma parole. — Et moi, Mademoiselle, je vous donne la mienne. Demain, je ferai ma demande au général. »

Je fus bien accueilli du général : « Je vais faire partir votre demande de suite et je vais l’apostiller. — Je vous remercie, général. »

Huit jours après, j’avais ma permission ; je cours chez Mlle Baillet : « Voilà ma permission, il faut prendre jour pour passer le contrat. Si vous êtes en règle, nous pouvons fixer le jour de