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DU CAPITAINE COIGNET.

qui t’aimait comme nous, et nous avoir laissés partir ! »

Voilà ma sœur à pleurer, à crier. « Eh bien, madame, c’est bien la vérité que ce jeune enfant vous dit ? Si ça est, ça n’est pas beau. — Messieurs, ce n’est pas moi qui les ai perdus, c’est mon père. Ah ! le malheureux, il a perdu ses quatre enfants ! »

Aux cris et lamentations de ma sœur, il arrive des voisins qui accourent de toutes parts pour me voir : « C’est un des enfants du père Coignet. En voici un de retrouvé. » Et ma sœur et moi de pleurer. Un de ces messieurs, qui me tenait par la main, dit : « Ne pleure pas, mon petit, nous ne t’abandonnerons pas, nous. »

Mes petits camarades viennent m’embrasser. Cette scène était touchante. Mon père, qui entend ce brouhaha, accourt. On dit : « Le voilà, ce M. Coignet qui a perdu ses quatre enfants ! — C’est mon père que voilà, messieurs. — Voilà un de vos enfants, monsieur, et nous l’emmenons avec nous. — Eh bien, dis-je alors, père sans cœur, qu’avez-vous fait de mes deux frères et de ma sœur ? Allez donc chercher cette marâtre de belle-mère qui nous a tant battus. — C’est vrai, crie tout le monde. C’est un mauvais père, et leur belle-mère est encore plus mauvaise. »

Enfin tout le monde était autour de moi, et