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LES CAHIERS

ces messieurs me tenaient par le bras : « Allons, à cheval ! dit M. Potier (le plus petit des deux), en voilà assez ! Partons, montez sur votre bidet. »

Et tout le monde de me suivre, criant : « Adieu, mon petit, bon voyage ! » Mes petits camarades viennent m’embrasser tous, et moi, je pleurais à chaudes larmes en disant : « Adieu, mes bons amis ! »

Ces messieurs me mettent au milieu d’eux et nous traversons entre deux haies de monde, les hommes le chapeau bas. Et les femmes de faire des révérences à ces messieurs, et moi de pleurer, mon petit chapeau à la main.

« Nous montons la montagne au trot, disent ces messieurs. Rattrapons nos chevaux ! Allons, mon petit, tenez-vous bien ! »

Nous dépassons les chevaux à la sortie des bois, et nous arrivons à Courson, à la grande auberge de M. Raveneau, où je visitai les écuries et fis préparer tout ce qu’il fallait pour quarante-neuf chevaux. Ces messieurs commandent le souper pour quarante-cinq hommes, non compris les maîtres.

En arrivant, on forme les chevaux par quatre pour les accoupler le lendemain, et on les attache à deux longes. C’est la première fois que ces chevaux se trouvaient à côté l’un de l’autre ; il était temps que le foin et l’avoine fussent