avec des torches et des quenouilles, liens garnis de paille pour maintenir tous ces chevaux (cela a demandé du temps) ; et puis en route !
Tous les jours j’étais traité de la même manière que le premier jour. Quel changement dans ma position !… Comme je me trouvais heureux de coucher dans un bon lit ! Ce pauvre orphelin ne couchait plus sur la paille. Enfin tous les soirs, j’avais à souper. Je considérais ces messieurs comme des envoyés de Dieu à mon secours.
Nous arrivâmes à Nangis-en-Brie le huitième jour avant la foire, et j’eus tout le temps de connaître mes deux maîtres. L’un se nommait M. Potier, et l’autre M. Huzé. Celui-ci était aimable, spirituel et poli ; M. Potier était petit et laid. Je me disais : « Si je pouvais être chez M. Huzé ! » Pas du tout, c’est chez M. Potier que l’heureux sort m’attendait.
Je pars donc de Nangis le vendredi pour Coulommiers ; j’arrive à trois heures dans une grande cour, à cheval, comme un pacha à trois queues, monté sur mon joli bidet. Voilà madame qui paraît. « Eh bien, mon garçon, et votre maître ne vient pas ce soir ? — Non, madame, il ne viendra que demain. — Que l’on mette le cheval à l’écurie ! venez avec moi. »
Comme je marchais à côté de madame, me voilà assailli par quatre grosses filles de la maison qui se mettent à crier : « Ah ! le voilà ! le petit Morvandiau ! »