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DU CAPITAINE COIGNET.

servis à ces gaillards, je crois que nous n’aurions pu les contenir ; c’étaient comme des furibonds qui se cabraient. Et moi de taper dessus ; je ne les quittais pas d’un instant, et les maîtres de rire en me voyant frapper de l’un à l’autre. À sept heures, ces messieurs viennent faire la visite et font souper tous leurs hommes qui étaient quarante-cinq ; ils payent leur journée, et retiennent les hommes qu’il fallait pour le lendemain. Ils commandent des gardes d’écurie pour la nuit, et m’emmènent. « Allons souper, dirent-ils, venez avec nous, mon garçon, nous reviendrons après les voir. »

Quelle surprise de voir une table servie comme pour des princes : la soupe, le bouilli, un canard aux navets, un poulet, une salade, du dessert, du vin cacheté !

« Mettez-vous là, entre nous deux, et mangez comme vous êtes courageux ! »

Le roi n’était pas plus content que moi.

« Ah çà ! dit M. Potier, il faut mettre une cuisse de poulet dans du papier avec du pain pour le manger le long de la route parce qu’on ne s’arrête qu’à la couchée. Vous trouverez des garçons d’auberge qui vous attendront avec des grands verres de vin qu’ils donneront à chaque homme en passant, sans s’arrêter, et tout sera payé. Vous vous tiendrez derrière autant que possible. »

Le matin, on met les chevaux par quatre,