Ces messieurs furent si contents de la loyauté de mon maître que le président en fit part au ministre de la guerre. Celui-ci fit appeler M. Potier pour lui proposer une commande de deux cents chevaux pour le train d’artillerie : « Voilà le prix et les tailles. À quelle époque pouvez-vous les fournir ? — Monsieur, je peux les livrer dans deux mois. — Je vous fais observer que l’on est sévère pour les recevoir ; les chevaux qui ne sont pas reçus sont pour votre compte. — C’est juste, vous m’en donnerez avis. — Ils seront reçus à l’École militaire. Vous savez l’âge : quatre à cinq ans, et point de chevaux entiers. Pouvez-vous faire les avances ? — Oui, monsieur. — D’où les tirez-vous ? — De Normandie et du Bas-Rhin. — Ah ! c’est cela ; c’est de bonne race. »
M. Potier arrive à Coulommiers enchanté, et trouve ses vingt chevaux dans le meilleur état possible : « Ils ne sont pas reconnaissables ; il faut les mener à la foire de Nangis ; nous pourrons les vendre. Ils sont pour rien, on peut gagner moitié dessus. Tenez-les prêts pour demain et en route à six heures ; ça presse, il faut partir pour la Normandie, j’ai un marché de passé avec le ministre de la guerre. »
La foire de Nangis était si bonne que les chevaux furent vendus. M. Potier dit : « J’ai doublé mon prix. » Quatre jours après il partit pour Caen en Normandie, où il trouva une partie de