Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/22

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main de l’ouvrier, juſqu’à ce que l’ouvrage ait pris une bonne conſiſtance.

La maſſivation à l’égard des mortiers eſt une opération qui imite celle de la nature ; car ſi l’on trouve dans les carrières de pierre des bancs placés les uns ſur les autres, il faut l’attribuer à la filtration des eaux & au poids énorme de leur volume qui les maſſivoit ou comprimoit : c’eſt donc ce ſuperflu des eaux échappé par des filières qui a produit tous les lits ou couches de pierres, & toutes leurs fentes ou délits, & qui nous a donné autant de joints que de bancs dans les carrières.

La filtration, la décoction, la compreſſion, la coagulation & la pétrification ſont les cauſes réunies & naturelles de la formation des pierres & d’autres minéraux & métaux. L’art de la maſſivation ſur des matériaux amalgamés & corroyés, comme ſur le ſable, les graviers, cimens & la chaux, eſt auſſi le moyen que l’homme peut employer pour procurer aux ouvrages une denſité grande & durable. C’eſt ainſi qu’en ont uſé les Romains dont le prétendu ſecret pour faire des mortiers ou cimens infiniment ſolides, même plus durs que la pierre, ne conſiſtoit que dans la qualité des matériaux dont ils ſe ſervoient, ſur-tout de la chaux, & dans le bon emploi qu’ils en ſavoient faire.

Si la denſité de leurs mortiers ou cimens augmentoit, ce n’eſt qu’à raiſon des grandes épaiſſeurs qu’ils donnoient à leurs murs où la deſſication ne pouvoit ſe faire ſubitement ; & ce n’eſt qu’autant qu’ils employoient la maçonnerie de blocage faite par encaiſſement ; méthode excellente dont les Romains faiſoient plus d’uſage que nous.

« J’ai percé, dans la ville de Lyon, à la maiſon de M. Lacroix, ſur la place des Terreaux, un mur de cave pour y faire une porte de communication ; mes