Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/51

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on ſe trouveroit dans la néceſſité d’attendre qu’elle eût repris l’eſpèce de ſéchereſſe qui lui eſt néceſſaire, ce qui porteroit également préjudice au propriétaire & aux ouvriers, qui reſteroient les bras croiſés ou ſans ouvrage. Cela eſt d’autant plus certain, qu’il eſt impoſſible de maſſiver la terre trempée par la pluie ; au lieu de ſe comprimer par le piſoir, elle ſe corroie dans le moule & ſe réduit en boue, la terre n’étant même qu’un peu trop humectée ne peut ſe piſer ; elle ſe gonfle ſous les coups du piſoir, c’eſt-à-dire, qu’un coup frappé dans une place la fait relever à côté ; de manière que les piſeurs ſe trouvent fort embarrassés, lorſque la terre a plus que ſa fraîcheur naturelle ; il vaut mieux alors cesser le travail que de le continuer.

Il n’en eſt pas de même dans les grandes ſéchereſſes, alors on a la reſſource d’humecter la terre au degré que l’on ſouhaite ; à cet effet, on prend un arroſoir de jardinier auquel eſt adaptée ſa grille percée d’une infinité de petits troux, & avec cet outil qui devient ici fort précieux, on n’arroſe pas la terre que l’on veut employer tout de ſuite au piſé & qui ſe trouve trop sèche ; je veux dire, qu’on ne la baigne pas d’eau, mais on l’aſperge ſeulement au moyen de la grille de l’arroſoir, enſuite on la remue fortement ; lorſqu’elle eſt bien mêlée, on la tranſporte au moule où les piſeurs travaillent.

On ſe reſſouviendra que j’ai dit qu’il faut exclure tous les végétaux du piſé ; ainſi ſoit en piochant, ſoit en relevant en tas la terre, il faut choiſir & jeter dehors de la place, où on la prépare, les plus groſſes comme les plus petites racines d’arbres, d’arbriſſeaux & d’herbages, ainſi que tous les brins de paille, de foin, copeaux de bois & généralement tous autres qui peuvent ſe fuſer ou ſe pourrir dans le corps des murs de terre.