Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/72

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entretenant toujours, comme je l’ai dit, l’humidité, s’échauffent, ſe pourriſſent intérieurement & s’échappent, quoique la charpente préſente une ſurface ſaine.

Les incendies ſont terribles, & le feu ſe communique avec tant de rapidité, que ces maiſons ſont dévorées par les flammes avant qu’on puiſſe ſouvent y porter le moindre ſecours : les bois une fois enflammés, le torchis s’allume, & brûle comme de la tourbe, ce qui fait que les incendies ſont d’autant plus dangereux que le feu ſe concentre : & lorſque l’on croit être parvenu à l’éteindre, rien n’eſt plus ordinaire que de le voir reprendre avec plus de vigueur par le torchis farci de paille ou de foin dans lequel il couvoit.

Je ne m’étendrai pas ſur une infinité d’autres inconvéniens, ni ſur la lenteur & le prix exceſſif de ces ſortes de conſtructions ; l’expoſé ci-deſſus ſuffira pour établir la comparaiſon que je me ſuis propoſée.

Le piſé ſe conſtruit avec toutes ſortes de terres indifféremment, pourvu qu’il n’y ait pas trop de ſable : on n’emploie dans ſa conſtruction ni bois, ni chaux, ni paille, ni foin : la manière de piſer comprime la terre, lui donne une adhérence étonnante, fait une ſeule maſſe, ne laiſſe circuler aucun air, ne donne aſyle à aucun inſecte, ne communique aucune odeur, peut être habité à l’inſtant que les ouvriers en ſortent, ſans qu’on ait à craindre, ni humidité, ni vapeurs dangereuſes : il eſt d’une grande économie, d’une ſalubrité précieuſe, d’une ſolidité à toute épreuve & ſur-tout à l’abri du feu ; c’eſt une vérité conſtante, confirmée par le fait, comme il eſt confirmé que le torchis eſt une conſtruction vicieuſe en tous les points.