Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/75

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Le piſé qui exclut tous les matériaux ; le piſé, avec lequel on peut bâtir en tous lieux & par tout pays, encore une fois, eſt un préſent que Dieu a fait à tous les peuples : ſi l’agriculture eſt la baſe de toutes les ſciences, le piſé eſt auſſi le premier de tous les arts ; mais quelques artiſtes ont penſé que ſon économie leur eſt préjudiciable, ce qui n’eſt pas. L’agriculture nuit-elle aux ſavans, aux artiſans de tous les métiers, aux fabriques, au commerce ? non ſans doute, de même le piſé ne nuira pas aux architectes & entrepreneurs : la richeſſe des bâtimens reſtera pour les villes, & leur ſimplicité pour les campagnes ; les fabriques ſe multiplieront par le piſé, & le commerce fleurira.

Que ceux qui s’écartent des vieux uſages ſont à plaindre ! que mes concitoyens vantent le bien que mes différens & nouveaux procédés peuvent leur procurer, je n’aurai pas le chagrin de voir retarder le fruit que doit produire ce cours d’architecture : j’attends leur ſecours & celui des autres nations, qui m’aideront à compléter cet ouvrage en multipliant leurs ſouſcriptions.

Des enduits.

Les enduits ſur le piſé ſe font avec du mortier compoſé de chaux & ſable, ou ſeulement avec du plâtre : on peut auſſi les faire avec un autre mortier de chaux, argile, bourre ou poils, qu’on nomme le blanc-en-bourre.

A l’égard du mortier fait avec la chaux & le ſable, on uſe dans preſque toute la France, pour le fabriquer, d’un procédé très-nuiſible : l’outil de bois dont on ſe ſert ne broie pas ou ne corroie pas la chaux avec le ſable ; il ne fait que la pétrir, tout de même que le boulanger détrempe de la farine avec de l’eau,