Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/85

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ou de piſé ; j’avois donné l’ordre aux ouvriers de ſe ſervir de l’épervier ; mais dès l’inſtant que j’avois quitté mon bâtiment, les maîtres maçons leur faiſoient reprendre de mauvais linges ou chiffons de toile avec leſquels ils frottoient les enduits : ce mauvais uſage eſt la cauſe que tous les murs de cette ville & des environs préſentent des ondes bien déſagréables à l’œil ; on les apperçoit encore mieux lorſque les rayons du ſoleil frappent les maiſons, ce qui forme ſur les façades une multiplicité d’ombres qui ſemblent de loin qu’elles ſoient brutes.

A meſure qu’on fait l’enduit partie par partie, on peut le faire blanchir par les maçons avec de la chaux tout ſimplement, ce qui eſt encore fort économique, puiſqu’il épargne les blancs de troye, ceruſe & autres : à cet effet, on délaie de la chaux dans un baquet avec de l’eau fort claire, & le manœuvre en prend dans un pot qu’il porte aux maçons qui paſſent ce blanc avec un pinceau ; ſi cette couleur ainſi que d’autres tiennent ſur l’enduit, & ne s’en vont jamais, quoiqu’elles ne ſoient employées qu’avec l’eau pure, ſans colle ni huile, il faut l’attribuer à la précaution que l’on a de le poſer ſur l’enduit tout fraîchement fait, lequel en ſéchant incorpore avec lui ces couleurs, ce qui fait qu’elles durent autant que ce même enduit.

On reconnoît que la chaux entre dans tous les ouvrages ; elle ſert à bâtir, elle ſert aux enduits, elle ſert à blanchir, & nous allons faire voir, dans l’article des peintures, qu’il entre de la chaux dans toutes les autres couleurs : les entrepreneurs, maîtres maçons & les propriétaires ne ſauroient trop s’en approviſionner ; mais la raiſon la plus forte de faire long-tems d’avance cet approviſionnement, & dont le lecteur ne ſe doute pas, ſe trouve dans des défectuoſités qui arrivent aux enduits ſans cette précaution. Si on a le malheur de faire