Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/84

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truellées & les étend encore ; il continue ainſi ſon ouvrage.

Le ſecond maçon, muni auſſi d’un pinceau de la main gauche, & de la droite d’un petit outil que je vais bientôt décrire, aſperge d’eau le mortier étendu par ſon camarade, & frotte la partie qu’il a mouillée avec ſon épervier.

Il faut ſavoir que les ouvriers ont appelé épervier, cet outil qui ne conſiſte que dans une petite planche ou un carreau de bois de 6 pouces en quarré & de 8 à 10 lignes d’épaiſſeur, voy. plan. XI, fig. 5, cet outil vu par deſſus ; fig. 6, le même outil vu par profil ; fig. 7, encore cet outil deſſiné en perſpective, enfin la poignée fig. 8, où le maçon paſſe les quatre doigts de la main dans la poignée, & le pouce qui reſte dehors ſert à le tenir ferme.

C’eſt donc avec cet épervier que le ſecond ouvrier polit l’enduit ; ſon bras droit le plus loin du mur, & ſa tête qui en eſt fort près, lui donnent par cette poſition la facilité de viſer de l’œil gauche les boſſes que fait le mortier, & lui indiquent de les repaſſer en y frottant plus fort, de manière qu’il peut rendre la ſuperficie de l’enduit fort unie & fort droite.

Le lecteur reconnoît l’ordre de cet ouvrage : le premier maçon étend l’enduit & s’avance inſenſiblement, le ſecond polit & le ſuit, un manœuvre broie le mortier, l’autre le porte & ſert à toutes choſes ; c’eſt par cette pratique de perfection, je peux le dire, que l’on fait les enduits les plus unis, les plus beaux & les plus économiques.

Le croira-t-on ? jamais je n’ai pu faire adopter cet excellent procédé aux maîtres maçons de Grenoble dans un édifice que j’ai fait conſtruire pour la communauté des Jacobins de Grenoble, & qui eſt élevé en pierre de taille depuis les fondemens juſqu’au toit ; car je n’ai pas fait ſeulement des maiſons de terre