Page:Colbert - Lettres, instructions et mémoires de Colbert, tome 2, partie 1.pdf/197

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Disposer toutes choses pour observer du secret, et que les premières nouvelles viennent du Roy pour empescher toutes les précautions.

Pour cet effet, envoyer trois ou quatre mousquetaires fidèles sur les deux routes pour empescher qu'aucun courrier ordinaire ou extraordinaire ne passe sans un ordre du Roy, contre-signé de M. Le Tellier.

Dans le mesme temps de l'arrest, arrester aussy tous les commis et sceller partout, et empescher les visites ; en donner part en mesme temps à la Reyne mère et au Chancelier, avec ordre à luy de faire sceller sur-le-champ partout, à Fontainebleau, à Vaux et à Saint-Mandé, luy faisant connoistre que la diligence et le secret sont de la dernière importance et conséquence, et que Sa Majesté s'attend qu'elle sera bien et ponctuellement servie par luy en cette occasion, luy donnant part aussy des précautions prises par le Roy pour garder le secret.

Envoyer au Chancelier un homme de confiance qui le presse d'exécuter toutes choses.

Donner part au Chancelier que le Roy a donné ordre au lieutenant civil d'aller sceller à Saint-Mandé, afin que, si le maistre des resquetes qui y sera envoyé par M. le Chancelier y trouve le lieutenant civil, il le laisse faire ou qu'il y appose un double scellé.

Il faudroit en mesme temps faire partir un courrier diligent qui eust ordre d'arriver la nuit à Paris et de porter deux ordres du Roy : l'un au chevalier du guet pour arrester les sieurs Bruant[1] et Pellisson et establir garnison dans leurs maisons, l'autre au lieutenant civil pour sceller dans la maison du Surintendant et dans celles desdits, et y establir garnison avec ordre d'aller aussytost sceller à Saint-Mandé.

Examiner s'il n'y seroit pas mesme bien à propos d'y establir des exempts et des gardes du corps du roy.

Envoyer un exempt qui prendra, à Paris, des gardes du corps pour se mettre en garnison;.

Envoyer à Saint-Mars[2], avec ordre de prendre des gardes du corps : Chouppes[3], La Bourlie[4], Riberpré[5], et un bon capitaine des gardes.

  1. Bruant des Carrières (voir page 759) échappa à toutes les recherches, et passa à l'étranger, où il mérita sa g^race par les services qu'il rendit à Louis XIV. Plus tard, il devint résident du roi à Liège.
  2. Bénigne d'Auvergne de Saint-Mars, capitaine d'une compagnie franche d'infanterie, puis maréchal des logis des mousquetaires. Il commandait la forteresse de Pignerol quand, dans les premiers jours de 1665, d'Artagnan y conduisit Fouquet. On trouve de nombreuses lettres de lui à Louvois, au sujet de Fouquet et de Lauzun, dans le tome I de l'Histoire de la détention des philosophes et gens de lettres, par J. Delort. ― Mort gouverneur de la Bastille en 1708.
  3. Voir I, 40. ― Gouverneur de Belle-Île de 1663 à 1665.
  4. Voir page 538.
  5. Charles de Moi, marquis de Riberpré, lieutenant aux gardes françaises de 1640, capitaine en 1645, maréchal de camp en 1649, lieutenant générla des armées du roi en 1656, gouverneur de Ham en 1658. En 1661, colonel du régiment de la Reine, ancien régiment du Cardinal. Il se démit de cette charge en 1662. Mort le 13 février 1678.