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INDUSTRIE, COMMERCE.

1. ― MÉMOIRE

TOUCHANT LE COMMERCE AVEC L'ANGLETERRE[1].

1651.

Bien que l'abondance dont il a plu à Dieu de douer la plupart des provinces de ce royaume semble le pouvoir mettre en estat de se pouvoir suffire à luy-mesme, néanmoins la Providence a posé la France en telle situation que sa propre fertilité luy seroit inutile et souvent à charge et incommode sans le bénéfice du commerce, qui porte d'une province à l'autre et chez les estrangers ce dont les uns et les autres peuvent avoir besoin pour en attirer à soy toute l'utilité.

Nous avons laissé perdre l'usage, et le bien du commerce, soit par la nonchalance avec laquelle nos peuples s'appliquent à cet honneste exercice, soit aussy par l'interruption que les estrangers y causent.

Le remède du premier mal, qui vient de nous-mesmes, des humeurs et inclinations turbulentes contraires à un légitime trafic, est plus difficile à trouver après les troubles qui ont agité la France et qui ont osté aux marchands la liberté et seureté de transporter leurs denrées. Et la confiance nécessaire au négoce ne pouvait s'establir dans la confusion et la violence des factions, dont chacun veut mettre à couvert ses effets, la crainte survenue

  1. J'ai donné ce mémoire avec la date de 1650, dans l'Appendice du 1er volume, d'après le texte de M. Grimblot, qui l'avait publié dans la Revue Nouvelle, sans indication de provenance, et après l'avoir moi-même cherché vainement dans les volumes de la collection des Affaires étrangères qui contiennent les lettres de Colbert à Mazarin. J'ai en même temps émis quelques doutes sur le point de savoir s'il était bien de Colbert.
    Depuis, M. Wiolowski en a trouvé, aux Affaires étrangères, une copie daté de 1651, de la main d'un des copistes de Colbert à cette époque, et il a bien voulu me le signaler.
    Il semblerait résulter de là que Colbert lui-même est l'auteur de ce mémoire, à moins que, chargé de le transmettre à Mazarin, il n'en ait fait simplement prendre copie dans ses bureaux. Mais c'est un doute que, dans l'état des choses, il n'est pas possible d'éclaircir.
    L'importance de cette pièce m'oblige à la reproduire en tête de la section Industrie, Commerce, d'après le texte des Affaires étrangères, qui fournit, d'ailleurs, quelques variantes et rétablir une phrase tout entière.