honnête, mais si indolent que sa vie est comme un demi-sommeil. Et d’abord, que je vous dise que j’habite un village assez pittoresque, peu distant des bords du Rhône, à une lieue de Beaucaire et à deux lieues d’Arles. Ce village s’appelle Bellegarde ; il est bâti au pied d’un coteau, sur le versant duquel on voit le cimetière avec ses pierres blanches, ses croix de bois noir, et son enceinte de murailles à demi couvertes par les ronces et les mauves sauvages.
La situation du cimetière m’a fait remarquer qu’ici les morts étaient beaucoup mieux logés que les vivants, car sur ce coteau l’air est pur, vivifiant, et la contagion de la fièvre d’accès, presque épidémique cette année dans toute la contrée, est, à mi-côte, beaucoup moins à craindre que dans la plaine, où les marais qui se sont formés depuis les inondations du Rhône répandent les exha-