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Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/336

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qu’alors qu’un chaste bonheur, et, frappée d’une sainte terreur, elle commençait à perdre l’usage de ses sens, lorsque l’abbesse, qui s’était levée et avait marché vers elle, la secoua rudement : — Levez-Yous, Jeanne d’Alcyn ! dit-elle d’une voix superbe ; puis la traînant jusqu’auprès du gouverneur et de l’archevêque : — Jurez en face de nos juges, jurez sur ce christ (et elle lui tendait la croix suspendue à son cou), que la lettre que je viens de lire est une imposture, qu’elle ne vous a pas été adressée et qu’elle n’est pas de l’archidiacre Ricovis ! Jeanne repoussa avec effroi l’image du Sauveur ; mais, sommée de répondre par le gouverneur et l’archevêque, victime résignée, elle dit d’une voix faible et pure : — Pour échapper aux humiliations d’une vie passagère, je n’exposerai pas mon salut éternel, je ne blasphémerai pas mon Créateur.