Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/388

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rente de quinze cents francs. Nous passâmes là une de ces belles journées qu’on n’oublie jamais, et qui se détachent comme un tableau riant et rare sur les tristes jours sans nombre que l’on traîne dans la vie. Mon compagnon était d’une gaîté folle ; la beauté de la jeune Charlotte l’enivrait ; il jouissait du bonheur des heures présentes comme si elles devaient durer toujours. J’étais près de lui, triste et silencieux et tout pénétré d’une émotion douce. — Le soir, quand il fallut prendre congé de nos hôtes, le visage de Philippe se troubla, je vis des larmes dans ses yeux. Je fus obligé de le raffermir. Au moment des adieux, Charlotte vint mettre dans nos havre-sacs de voyage de belles pommes dorées qu’elle avait cueillies elle-même, et, en repassant dans l’allée où nous l’avions trouvée le matin, je fus assez heureux pour pouvoir dérober sans être vu le