Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/392

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lâchement l’emploi que Philippe me donna. Que de nobles et belles victimes je vis marcher au supplice ! que de fois, assis silencieux au milieu du jury redoutable, j’entendis retentir ce mot terrible : la mort ! répété de bouche en bouche comme l’écho d’une sentence inévitable ! À part cet affreux spectacle qui m’enchaînait à la réalité sanglante, je vivais très peu dans le présent ; je fuyais les clubs, les lieux publics, je ne lisais jamais les journaux, je ne voyais plus Philippe dans l’intimité. La culture des fleurs et mon commerce avec les grands hommes de Port-Royal me formaient une espèce de retraite où je me retirais. J’habitais un quartier désert. Pourtant un soir, tandis que j’arrosais nies fleurs sur la terrasse en toiture de la maison où je logeais, la voix d’un crieur public monta jusqu’à moi : il annonçait l’assassinat de Marat ; il disait qu’une femme