Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/78

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cevant la cour des femmes plus qu’il ne la leur faisait lui-même, le jeune marquis de Gange se sentait irrésistible, et, dans la bonne foi de sa fatuité, il en était venu à se croire une espèce de Dieu auquel toutes les femmes devaient leur encens. Cette préoccupation continuelle de ce qu’il valait avait appauvri son intelligence et desséché son cœur ; cet homme avait tous les vices de la vanité : un égoïsme profond, un amour désordonné du luxe, une cruauté froide pour tout ce qui ne lui servait pas de piédestal.

Ce soir-là, plus beau que jamais, il assistait à la fête du vice-légat. Il était presque irrité de ce que la présence attendue de la jeune marquise de Castellane troublât l’attention d’ordinaire exclusive qu’on lui accordait. Tout à coup une pensée l’arracha à cette préoccupation, un sourire de triomphe glissa sur ses lèvres : « Mais, pensa-t-il, ce