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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/175

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se retira quelques instants dans un angle du cabinet de la reine, et tranquillement elle improvisa les vers suivants :

À MADEMOISELLE DE MONTPENSIER.


Fait sur-le-champ par son commandement.

Muse, notre grande princesse

Te commande aujourd’hui d’exercer ton adresse

À louer sa beauté ; mais il faut avouer

Qu’on ne saurait la satisfaire

Et que le seul moyen qu’on a de la louer

C’est de dire en un mot qu’on ne saurait le faire.

Chacun applaudit cet impromptu, et Mme d’Hautefort demanda à son tour à l’enfant de faire des vers pour elle. Aussitôt la petite Jaqueline improvisa un éloge de la beauté de Mme d’Hautefort. La reine et toute l’assistance étaient ravies, et depuis ce jour la jeune sœur de Pascal fut souvent appelée à la cour et toujours caressée du roi, de la reine, de Mademoiselle et de tous ceux qui la voyaient. Elle avait les reparties les plus justes et souvent les plus profondes. Ce qui charmait en elle, c’est qu’elle gardait la gaieté de son âge ; quand elle était avec ses compagnes, elle jouait à tous les jeux des enfants, et, lorsqu’elle était seule, elle s’amusait avec ses poupées.

[Illustration : Jaqueline chez Anne d’Autriche.]

On sent la naïveté de cet esprit merveilleux dans le morceau suivant qu’elle adressa à la reine pour la remercier de l’accueil fait à ses premiers vers :


Mes chers enfants, mes petits vers,

Se peut-il arriver dans le grand univers