Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/20

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aînés, forcés de contenir leur indignation contre le vainqueur, baissaient la tête comme lui en grinçant des dents. Leur mère, qui tenait par la main son plus jeune fils, était accablée d’un désespoir morne. L’enfant comprit alors tout ce que sa douleur muette avait de profond, et il lui dit d’une voix pleine de conviction : » Consolez-vous, ma mère, nous reviendrons un jour, nous ne mourrons pas en exil. »

La comtesse avait un frère, prieur d’un couvent près de Bologne : elle résolut d’aller lui demander asile pour sa famille. Frère Rinaldo accueillit les exilés avec tous les égards et tout l’empressement dus au malheur, et mit à leur disposition une petite villa dépendante du monastère, où ils trouvèrent une vie calme.

Mais le comte et ses fils aînés, accoutumés au commandement, ne pouvaient se faire à cette existence humble. Ils se lièrent avec plusieurs gentilshommes des environs ; ils allaient chasser sur leurs terres, prenaient parti dans leurs querelles et tâchaient ainsi de gagner leur amitié pour les décider plus tard à leur prêter des troupes, afin de reconquérir leur patrimoine.

Jean ne suivait pas son père et ses frères dans ces excursions ; il restait toujours auprès de sa mère et de son oncle, homme sage, plein de science et de bonté, qui avait pour lui la plus tendre affection et qui dirigeait ses études. L’intelligence de l’enfant grandissait chaque jour sous un pareil maître, et bientôt il surpassa en érudition tous les religieux du monastère. Il restait des heures entières enfermé avec son oncle dans la vaste bibliothèque du couvent, et ils apprirent ensemble le latin, le grec, le chaldéen, l’hébreu et l’arabe, et étudièrent