Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/21

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Je ne pourrais vous dire, enfants, que de plaisirs, que de joies complètes ces études firent goûter au jeune Pic de La Mirandole. Il vivait ainsi avec tous les peuples anciens, qui venaient tour à tour lui parler dans leurs idiomes et l’entretenir mystérieusement de leurs gloires disparues.

Jean étudia aussi les livres saints ; il en pénétra les mystères et le sens ; puis, lorsqu’il eut approfondi les deux grands codes de nos croyances, la Bible et l’Évangile, il lut les écrits que les Pères et les docteurs nous ont laissés sur ces livres divins, et il posséda bientôt dans toute sa plénitude cette formidable science qu’on appelait alors théologie. Cette science était en honneur dans les universités de l’Europe ; chaque année, les plus célèbres maîtres faisaient soutenir des thèses par leurs élèves, et ceux qui pouvaient résoudre les questions difficiles proposées par leurs maîtres étaient couronnés en public.

Jean, quoique absorbé par le travail, ne pouvait être indifférent aux chagrins de ses parents. Bien qu’il ne partageât pas les goûts de son père, il admirait avec respect ce vieux guerrier vaincu, qui brûlait de recouvrer par les armes les domaines de ses ancêtres, et qui se désolait en voyant chaque jour s’éloigner son espérance. Un soir, le comte était rentré avec ses fils aînés, plus mécontent que de coutume ; il arrivait d’un château voisin, habité par un seigneur qui lui avait promis plus d’une fois le secours de ses armes, et qui, sommé de tenir sa parole, venait de lui faire une réponse évasive. De retour dans