Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/258

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toujours plutôt un poëte de forme qu’un poëte d’inspiration, se mit à traduire l’Illiade, il mit cinq ans à faire cette traduction en vers anglais, qui est fort estimée et qui fit grand bruit lors de son apparition. C’est avec le produit de ce livre, dont les éditions se succédèrent rapidement, que Pope acheta sa belle maison de campagne de Twickenham. Il s’y retira avec son père et sa mère qu’il honora toujours d’un respect religieux. Pope entreprit ensuite la traduction de l’Odyssée, qu’il ne termina point ; puis il publia la Dunciade, poëme satirique qui lui fit beaucoup d’ennemis ; il fit paraître après ses belles épîtres de l’Essai sur l’homme, où se trouve un magnifique éloge de lord Bolingbroke, qui était l’ami de Pope et qui fut aussi celui de Voltaire.

La santé de Pope était des plus délicates, on peut dire qu’il souffrit toute sa vie. Il mourut à cinquante-six ans, pleuré de quelques amis et surtout de Bolingbroke. Pope méritait d’inspirer l’amitié, une des dernières paroles qu’il dit avant de mourir fut celle-ci : » Il n’y a de méritoire que la vertu et l’amitié, et en vérité, l’amitié est elle-même une partie de la vertu. »

Pope vécut dans le commerce des grands, mais sans les flatter ; il était avec eux sur le pied d’égalité ; un jour, à table, dans une réunion chez lui, il s’endormit pendant que le prince de Galles, son illustre convive, dissertait sur la poésie.

Pope tient dans la poésie anglaise le rang que Boileau occupe dans la poésie française. C’est un législateur, un puriste, un des plus habiles versificateurs anglais. Lord Byron rend hommage à la verve et à l’élégance de son style.