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Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/316

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C’est comme s’il me demandait de ne plus manger, de ne plus vivre !

[Illustration : Cela t’afflige donc bien de ne pas aller à travers les neiges ?]

— Tu vivras et tu mangeras ! Seulement tu mangeras une heure plus tôt ton déjeuner, répliqua la mère gaiement, et chaque matin, pendant que ton père dormira encore, tu iras à ta chère découverte ; mais tu ne dépasseras pas le temps permis, et à l’heure dite, tu rentreras bien vite pour étudier ton latin.

— Oh ! merci, merci ! s’écria l’enfant en sautant au cou de sa mère, qui l’embrassa et le quitta en lui disant : » À demain. »

Pour la première fois de sa vie l’enfant s’endormit radieux et fit un beau songe : il se trouva tout à coup transporté dans une vallée immense entourée de montagnes, qui commençaient en pente douce et s’élevaient graduellement jusqu’au ciel ; il était assis auprès d’une belle source claire qui murmurait à travers les plantes et les fleurs de toutes sortes, il faisait une température d’été et de grands nuages blancs et dorés couraient dans l’éther d’un bleu vif au-dessus de sa tête. Il n’avait point encore vu un ciel semblable dans ce pauvre village de Suède, où il était né et qu’il n’avait jamais quitté. Son admiration était partagée entre ce ciel où le soleil brillait de toutes ses flammes, et cette campagne riante couverte de plantes et d’arbustes en fleurs. Il se leva et se mit à marcher, ravi et léger, à travers les sentiers ; il craignait de froisser une tige, une feuille, un pétale, une étamine, et pourtant il eût voulu cueillir tour à tour toutes ces fleurs pour les étudier ; il commença par aspirer vivement leurs parfums et par jouir du coup d’œil général de leurs belles formes et de leurs admirables couleurs, puis