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Cela ne se peut ; acceptons ce déjeuner puisqu’il est servi et qu’avant tout il faut manger chaud ; mais déclarons à l’unanimité que nous quitterons tous l’hôtel si ce soir nous ne sommes pas réintégrés dans la grande salle à manger.

On en vint aux voix et chacun opina dans le sens du magistrat. Nous ressemblions à une chambre délibérante, Nérine jouait le rôle d’une reine qui ouvre la session ; les domestiques nous écoutaient avec crainte et respect. L’un d’eux sortait de temps en temps pour aller apprendre au père Taverne où en étaient nos déterminations.

Après le déjeuner, nous nous rangeâmes tous en bataillon carré sur le parapet qui borde l’hôtel en face du Jardin anglais. L’hôtelier qui, à cette heure, venait là chaque jour ne parut point. Une chaise de poste s’arrêta devant la porte d’entrée où nous étions réunis, deux Anglais, accompagnés de leurs domestiques, descendirent de cette chaise. L’un des Anglais était un membre assez célèbre du Parlement. La jolie nièce du père Taverne leur demanda s’ils voulaient déjeuner ; ils répondirent que c’était fait, mais qu’il dîneraient à table d’hôte après une excursion à cheval dans les environs. La jeune femme se hasarda à dire qu’il n’y avait plus de table d’hôte.