grande révolution pour ne pas le reconnaître ; qu’il avait en vain essayé de tout concilier ; mais que puisque ces nobles étaient intraitables, ils pouvaient partir. Ils seront donc toujours les mêmes, ces nobles orgueilleux ! ajouta-t-il en forme de péroraison ; ils pensent que tout leur est dû, qu’ils sont d’un autre sang que le nôtre, qu’ils peuvent être insolents impunément ; et, parodiant un mot célèbre, il ajouta :
— Ils n’ont rien oublié, ni rien appris !…
— Bravo ! père Taverne, m’écriai-je, nous vous voterons une couronne civique !
Et tous nous complimentâmes bruyamment l’hôtelier un peu confus, car il sentait bien intérieurement qu’il ne méritait qu’à demi cette ovation.
Nérine nous dit avec la justesse de son esprit :
— Un hôtelier n’est pas tenu d’être un héros, et je vous déclare que la conduite prudente de celui-ci me satisfait entièrement ; c’est celle d’un Ulysse bourgeois.
Cependant, la petite marquise, son mari et les Routier, se reposant sur le pacte conclu à grand’peine avec le maître de l’Hôtel de France, étaient allés faire une promenade dans la vallée d’Ossau. Quant à l’écolier, il avait la fièvre, disait-on, et s’était enfermé dans sa chambre.
Le drame approchait de son dénoûment. La cloche du dîner sonna, et jamais, depuis le départ des prin-