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représente ici le tuteur d’Adolphe de Chaly. Que vouliez-vous que fît ce malheureux enfant ?

— Qu’il errât dans les bois et se nourrît de baies, répondit Nérine.

— Pour errer dans les bois, il ne s’en fait pas faute ; il y a passé la journée enfoncé dans les carrefours les plus sombres, et il est résolu d’y vivre jusqu’au moment de son départ, tant la crainte de vous rencontrer, après son parjure, le remplit d’épouvante.

— Je suis ravie de ce dénoûment de sa passion, dis-je à Nérine.

— Et pourquoi donc, chère ?

— Parce que désormais vous ne me disputerez plus ma proie ; l’écolier m’appartient : c’est un bon sujet d’analyse et de dissection, je puis le peindre en pied ou l’écorcher vif.

— Je vous le livre, repartit Nérine.

Puis elle tomba dans une de ces longues et tristes rêveries où je l’avais surprise si souvent au début de notre connaissance et dont les scènes ironiques que je viens de raconter, l’avaient tirée momentanément.

Durant quelques jours, il ne fut question dans cette gorge des Pyrénées que de l’iliade burlesque, qui avait eu pour théâtre l’Hôtel de France.