Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 108 —

lonne ses pauvres maisons de pêcheurs sur la croupe de rochers à la teinte bleuâtre ; au sommet s’élève un vieux fort qu’une tour domine. Dans le petit golfe tranquille qui s’abrite au pied des rocs, sont amarrées des barques de pêcheurs ; la mer écumeuse se brise à quelque distance et n’atteint pas ce calme bassin.

Nous nous étions assis au pied de la tour ; le village au-dessus de nous semblait endormi ; çà et là quelques lumières, qui brillaient à travers les vitres, et la fumée qui s’échappait des toits, annonçaient seules que les maisons étaient habitées ; c’était l’heure où les femmes préparaient le repas du soir, tandis que leurs pères, leurs maris ou leurs fils, revenus de la pêche, se reposaient auprès de l’âtre ou sur le seuil des portes. Ces rudes travailleurs ne songeaient guère à contempler la nature et la mer toute rougissante de l’éclat du soleil qui disparaissait.

Nous avions donc autour de nous une paix et une solitude qui semblaient agrandir encore l’incommensurable grandeur de l’Océan. À gauche, nous suivions du regard les derniers contours du rivage de la France jusqu’au cap Figuier, qui marque l’embouchure de la Bidassoa ; à droite, la rade de Saint-Jean-de-Luz ; plus loin, le village de Bidart et le petit port de Quétary avec ses toits rouges ; plus loin encore, la côte des Basques, couronnée de belles roches lumineuses,