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puis enfin la plage de Biarritz, où les flots se précipitent avec fracas contre les récifs épars : on dirait des assaillants furieux escaladant des citadelles imprenables.

En face de nous la mer montait en collines d’écume ; son bruit majestueux semblait la symphonie du soir conviant la terre au repos. Derrière les énormes vagues blanches se dressaient d’autres vagues étincelantes que le soleil, en fuyant, avait saupoudrées d’étincelles ; puis venaient les vagues rouges que l’astre, à son déclin, éclairait d’aplomb avant de disparaître derrière les monts de l’Espagne dans la direction de Saint-Sébastien.

Les teintes diverses de cette mer en flamme formaient une merveilleuse harmonie ; la beauté du ciel y concourait. Déjà dans l’azur du jour mourant brillaient quelques étoiles ; l’âme se dilatait entre cette double immensité du firmament et de la mer ; si bien que nous nous taisions tous par un tacite accord, laissant flotter notre pensée dans l’étendue sans bornes. Nous étions là quatre voyageurs : une jeune et belle princesse qui m’avait prise en amitié et emmenée dans sa voiture à travers les vallées et les gorges des Pyrénées françaises et espagnoles ; le fils de la princesse, superbe enfant de