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vert de cheveux gris, filait sa quenouille sur la porte d’une pauvre chaumière. Elle se leva, secoua ses haillons, et s’approchant de nous, comme craintive de son indigence, nous offrit de nous reposer et de nous rafraîchir dans sa maison. Nous entrâmes ; il y avait là trois chaises, une panetière et un misérable lit ; c’est le lit où l’on naît, où l’on grandit, où l’on se marie, où l’on meurt. La vieille rinça quelques verres ébréchés et nous présenta de l’eau fraîche et du lait fumant qu’elle venait de traire à une vache paissant dans un pré à côté. Elle prit ensuite dans une sorte de bahut rustique une serviette écrue, et, avec un air de soumission douce et servile, elle secoua la couche de poussière qui couvrait nos vêtements ; cependant on déchargea la voiture brisée, on joncha le chemin des malles et des immenses caisses où les femmes renferment leurs fragiles chapeaux et leurs robes sphériques. Aux rudes secousses que recevaient ces fraîches toilettes, plusieurs s’épouvantaient.

Je m’éloignai du groupe des voyageurs et j’allai visiter le cimetière. C’est un spacieux carré long divisé par une allée de hauts et robustes cyprès qu’engraissent les restes des morts. Il y a là plusieurs tombes avec des inscriptions simples et vraiment senties. Que n’y ai-je trouvé celle de Félicie ! Que