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mignon, qui l’eût crue, la mère de deux enfants dont l’ainée (une petite fille de quatre ans) portait avec une grâce extrême un joli costume basque !

Des chanteurs de l’Opéra et des acteurs de nos différents théâtres viennent chaque été demander aux Eaux-Bonnes le repos de leur larynx irrité et la résurrection des notes perdues. Parmi les célébrités théâtrales qu’on remarquait cette année-là, mademoiselle Sarah Félix attirait toutes les sympathies ; le souvenir de son illustre sœur planait sur elle : il fallait la voir entourée des reliques de cette sœur bien-aimée. Rachel semblait revivre dans ces élégants vestiges. Cette tête pâlie et inspirée ne va-t-elle pas se ranimer sous ce capuchon de velours cerise garni de point d’Angleterre et de dentelles noires où elle aimait à s’abriter.

Voici le peigne d’ivoire dont elle lissait ses beaux cheveux ! le petit couteau d’argent à manche d’écaille qui lui servit à peler les fruits d’Égypte et de Provence. Son nécessaire de toilette est encore embaumé des senteurs qu’elle préférait. Sur les parois de velours vert sont restés quelques débris de ses ongles roses et parfumés ! ce petit portrait en photographie nous la montre dans ses derniers jours : elle est là affaissée au soleil, ses belles mains croisées sur ses genoux dans l’accablement de l’attente de la