Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 145 —

ses trésors à quelques hardis visiteurs est préférable à la Naïade banale d’aujourd’hui.

Maintenant c’est en chaise de poste et en équipage qu’on arrive dans le défilé des Eaux-Bonnes, jusqu’à la porte de l’Hôtel de France et des autres hôtels. Cette année-là, la société avait été des plus nombreuses et des plus brillantes. Le maréchal Bosquet arriva un des premiers, puis vinrent successivement madame Amédée Thayer, femme du sénateur, M. Plantier, évêque de Nismes, M. Liouville, bâtonnier de l’ordre des avocats, sa gracieuse fille et ce jeune Emilio Dandolo dont la mort, au retour des eaux, fut pour Milan le signal de l’indépendance aujourd’hui reconquise.

La princesse Constantin Ghyka, la princesse Cantacuzène, une jeune et poétique Russe dont la beauté pâle et amaigrie attendrissait tous les regards ; la charmante princesse Vogoridès, femme du caïmacan des Provinces danubiennes et belle-sœur de madame Musurus, ambassadrice à Londres, dont j’ai parlé dans la Presse, La princesse Vogoridès possède et aime notre littérature. C’est un esprit délicat et très-cultivé dont la profondeur étonne tout-à-coup dans les questions de sentiment. Quant à la svelte princesse Constantin Ghyka, elle ressemblait à une jeune fille de quatorze ans. À sa taille frêle, à son visage