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l’étranger une double réputation comme écrivain et comme praticien. Une fée bienfaisante semblait l’avoir envoyé cette année aux malades des Eaux-Bonnes. Aussi a-t-il obtenu d’emblée la haute clientèle, comme on dit ; presque toutes les personnes de distinction que j’ai nommées ont reçu les soins du docteur Briau. Les deux jeunes et charmantes princesses Ghyka et Galitzine l’ont mis à la mode.

Lorsque les nombreux convives venus là de toutes les parties du monde sont rangés à l’entour de l’immense table d’hôte de l’hôtel de France, et que les domestiques affairés font circuler les énormes saumons, les pièces de venaison fumantes et les sorbets glacés, qui pourrait se croire au milieu d’une des gorges les plus sauvages des Pyrénées et en compagnie de malades dont plusieurs sont déjà touchés par le doigt irrémissible de la mort ? Chacun semble revivre à cette heure du repas du soir : les femmes revêtent leurs plus jolies toilettes pour se montrer après dîner à la Promenade horizontale ; les hommes, plus négligés, arrivent cependant avec du linge blanc et une barbe fraîchement rasée ; on s’examine, on cause, on disserte ; les sympathies et les antipathies se dessinent, et on finit par former de petits groupes distincts qui ne se mêlent jamais.