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Comme thème d’observation, cela est assez amusant durant quelques instants de la journée ; mais un esprit élevé et recueilli se lasserait bientôt de ce bruit et de ce contact si la grandeur de la nature ne lui offrait au dehors de longues heures de solitude et d’admiration.

C’est là qu’il faut relire, et que j’ai relu, la chanson de Roland, ce superbe monument de la poésie française au xie siècle ; j’ai pu constater comment les grands poètes sont éternellement vrais. On voit toujours dans les Pyrénées : « L’herbe verte où coulent les torrents ; — les longues vallées où le son pénètre et se répercute ; — les ténébreux défilés au bord des gaves rapides et ces roches de marbre d’où le Sarrasin épiait le héros français mourant[1]

C’est ainsi qu’Homère a décrit quelques rivages et quelques terres de l’Asie-Mineure avec une telle précision que, l’Iliale ou l’Odyssée en main, le voyageur les reconnaît encore aujourd’hui.

Dès le lendemain de mon arrivée, j’eus hâte de parcourir les paysages grandioses qui étreignent en tous sens les Eaux-Bonnes ; partout la nature sauvage lutte contre l’envahissement des maisons. Les hôtels

  1. Fragments de la chanson de Roland.