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prix intégral de ce joli cheval mort qu’elles avaient monté souvent avec sécurité.

Revenant sur nos pas et craignant de nous avancer du côté de ce précipice encore ensanglanté, nous nous avançâmes au-dessus de la promenade Grammont que nous venions de parcourir (elle doit son nom aux anciens ducs de Grammont originaires du Béarn), et nous franchîmes les premiers sentiers de la promenade Jacqueminot qui se dégage sur les plateaux supérieurs du mont Gourzy. Nous pénétrâmes avec ravissement à travers ces bois silencieux ; après avoir franchi la région des hêtres, nous nous trouvâmes dans celle des sapins aux troncs énormes et aux rameaux réguliers dessinant leurs dentelures sur un ciel d’un bleu limpide ; les brins menus tombés des branches formaient sous nos pieds un sable odorant dont la senteur dilatait la poitrine. Bientôt nous nous trouvâmes sur un pan plus reculé du mont Gourzy où les arbres moins pressés faisaient place à de belles pelouses fleuries.

Nous nous assîmes embrassant du regard les horizons que j’ai déjà décrits, et tandis que nos ânes broutaient l’herbe fraîche, nous fîmes une collation de fruits et de gâteaux sur la même nappe de gazon où le général Jacqueminot (dont cette promenade