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naissent, mais fringants et indomptés si une main étrangère fait jouer un mors trop dur dans leur bouche fine.

L’écolier parcourut d’abord au pas ces sentiers embarrassés par les branches des arbres et les touffes de bruyères pendantes des rocs ; mais quand l’étroit chemin fut à découvert, délivré de l’importunité du feuillage et oubliant le gouffre béant à sa gauche, il crut pouvoir jouer de l’éperon ; la bête effarouchée se précipita aveuglément et roula avec son cavalier dans l’abîme. Leste et souple comme un singe, le jeune homme se dégagea de l’étrier et se suspendit à un arbre tandis que le pauvre cheval continuant à rouler laissait de sa chair et de ses entrailles à chaque degré du mont. Avant d’avoir atteint la base il était mort ; le guide nous montra les traces de son sang et l’arbre auquel le cavalier s’était accroché.

— Mon maître, nous dit-il, n’a pas demandé un sou d’indemnité pour ce bon cheval qui était son préféré, il n’en avait pas le droit, car l’homme aurait pu se tuer aussi ; mais n’ayant pas eu une égratignure, ce petit monsieur, tout de même, aurait pu dédommager mon maître.

Ce furent les princesses Galitzine et Vogoridès, qui, quelques jours après, offrirent au loueur le