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des arbres étrangers plantés çà et là en petits groupes et en cabinets de verdure. C’est comme un essai en miniature d’un jardin anglais. Là est écrit sur un poteau, au seuil d’un sentier qui descend en serpentant jusqu’au fond du ravin : Grotte très-curieuse.

À un signal de notre guide montagnard, une vieille femme parut sur la porte d’une grange voisine et vint nous offrir de nous conduire à la grotte Castellane. Le comte Jules de Castellane, qui est un homme d’imagination et un grand seigneur riche et oisif, vint, en 1841, boire les Eaux-bonnes ; il se passa la fantaisie de cette grotte comme il s’était passé le caprice d’un théâtre dans son hôtel, rue Saint-Honoré ; il fit plus : ce lieu lui paraissant pittoresque, il annonça qu’il s’y ferait bâtir une Villa. Un architecte dressa des plans, et on commença à dessiner un labyrinthe et quelques sentiers. De ce rêve, il n’est resté qu’une inscription sur une plaque de marbre noir où l’on lit : Villa Castellane ; quant à la villa, c’est un château en Espagne, tel que l’aimable comte en a fait tant d’autres dans sa vie. Mais la grotte existe réellement. Laissant nos montures sur le bord de la route, précédés de la vieille femme qui tenait une clé rouillée à la main, nous descendîmes dans le ravin par le sentier