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tortueux et abrupte que le comte de Castellane a fait creuser.

Autrefois, l’accès de la grotte n’était praticable que pour quelques chevriers. À nos pieds coulait, avec des détours sinueux, le torrent limpide ; en face, s’élevait un rocher gigantesque où se groupe le joli village d’Assouste. C’est sur ce mont qu’au moyen âge se juchait le manoir féodal du même nom ; il fut rasé au xvie siècle, durant les guerres civiles, il n’en reste pas de traces ; la végétation a enseveli ses derniers vestiges et les a pour ainsi dire assimilés au sol.

Nous étions arrivés au bord du Valentin frémissant sous l’ombre des arbustes entrelacés ; la vieille montagnarde se détourna à gauche et ouvrit une porte dans le roc, nous la franchîmes et nous nous trouvâmes dans la grotte : elle est petite et ornée comme un boudoir que la nature aurait disposé là pour quelque nymphe ou quelque ondine. De ses parois arrondies descendent les girandoles des stalactites brillantes comme des bouquets de pierreries quand la flamme des torches, ou le soleil levant s’engouffrant par la porte, les illumine tout à coup. Quelques-unes de ces stalactites sont claires comme le cristal, d’autres opaques comme le marbre ; elles brillent de toutes les couleurs du prisme ; à chaque