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pointe pend une goûte d’eau, ainsi des larmes au bord de longs cils. Je regardais charmée cette jolie grotte ; j’aurais voulu y abriter une source thermale et m’en faire une salle de bain.

Le dimanche suivant, 15 août, c’était la fête paroissiale du village de Laruns ; toutes les voitures des Eaux-Bonnes, calèches, diligences, chars-à-bancs et toutes les montures, ânes, mulets, chevaux furent mis dès le matin en réquisition pour transporter les buveurs d’eau à la fête. De la calèche où j’étais assise, et qui roulait sur la route unie, je voyais défiler la foule riante des cavaliers et des piétons ; les villageois descendaient les sentiers fleuris des montagnes et arrivaient sur la grande route dont ils suivaient le bord. Les pittoresques costumes aux couleurs vives et où le rouge domine, se dessinaient sur la transparence de l’air et sur le bleu éclatant du ciel. Le village de Laruns est bâti au milieu d’un cercle de hautes montagnes ; quand nous y arrivâmes, les cloches battaient à toute volée et la procession sortait de l’église ; les jeunes filles portaient une bannière de la Vierge, peinture naïve et béate, s’étalant sur une moire bleue. Leurs têtes étaient couvertes du capulet béarnais en drap écarlate, doublé de damas amarante et posé carrément sur le front. Cette coiffure encadre le visage, laissant voir à peine quelques lignes