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à gauche le Port-Vieux, la côte des Basques et au loin le rivage de l’Espagne ; à droite se déroule la partie mondaine et bruyante de Biarritz ; au-dessus de la côte du Moulin, la longue salle à minarets, où les baigneuses quittent et reprennent leurs costumes ; puis les riantes villas aux fenêtres éclairées, et dont la villa Eugénie efface l’éclat par celui d’une sorte d’illumination intérieure. Plus loin, le phare qui projette son foyer de lumière en long sillage sur la mer. Les feux divers de toutes les maisons du village se répercutent en lueurs sur les flots, mais ils meurent sans les éclairer dans les anfractuosités des rocs noirs qui s’élèvent çà et là au-dessus de l’eau et des sables mouillés d’où la mer vient de se retirer. Parmi tous les rocs il en est un qui frappe les regards aussitôt qu’on arrive à Biarritz et qu’on se tourne du côté de la plage ; il est en forme d’arc ; les vagues s’engouffrent au-dessous ; on dirait un grand débris de pont rompu. Quand la marée est très-haute, elle recouvre parfois ce rocher béant ; et en se retirant elle le laisse mouillé et glissant, relié au rivage par des blocs de pierre qu’entourent de petites flaques d’eau. Les enfants hardis et les baigneurs aventureux aiment à gravir la croupe de cette belle arche naturelle qui s’arrondit sur la mer.