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récréatif que d’aller m’asseoir dans la salle basse de l’hôtel.

Je trouvai dans la salle à manger du Casino deux tables parallèles ; toutes les places de l’une étaient déjà occupées par une compagnie bruyante d’hommes et de femmes ; à l’autre table, à moitié déserte, étaient quelques Anglais et quelques vieilles femmes ; je m’assis à cette dernière, et comme personne n’y causait et que l’on n’y entendait que le cliquetis des fourchettes et des assiettes, je prêtai l’oreille aux paroles et aux rires de la table voisine : c’étaient des réflexions plaisantes sur la mer, où quelques-unes de ces dames ne voyaient qu’un bain à prendre ; des récits comiques sur la Chambre d’amour ; des dissertations moqueuses sur les toilettes des grandes dames, vues tantôt à la promenade ; des propos lestes, d’autres touchants ; un assaut d’appétits qui faisait dans les mets des trouées plus complètes que des obus dans des bastions ; un cliquetis de verres étourdissant ; le vin de Champagne écumait dans les coupes ; puis vinrent le café et les liqueurs avec leurs chauds arômes ; et pourtant sur tous ces visages quelque chose de fatigué et de triste, et sur tous ces habits d’hommes et de femmes, l’inélégance de la gène et du travail.

Je demandai à mon voisin de table quels étaient