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un aimable compatriote de la princesse, nous servaient de cavaliers.

Nous suivîmes la route d’Espagne qui décrit une courbe au-dessus de Biarritz ; cette route est bordée de sapins et de quelque végétation. Nous trouvâmes à gauche un singulier et très-beau jardin enclos dans un enfoncement circulaire et formant un immense entonnoir de verdure, c’était comme une riante oasis au milieu de l’aridité de ces terres sablonneuses. Bientôt à droite, nous découvrîmes au milieu des champs de maïs un grand lac salé, et, toujours du même côté à l’horizon, l’étendue de l’Océan. Puis, sur le rivage, Bidart avec ses toitures empourprées, et plus loin, le petit village de Guetary. La voiture allait rapidement et nous approchions de Saint-Jean-de-Lutz, lorsque nous aperçûmes sur la route comme un bataillon noir soulevant une masse de poussière ; nous nous demandions si quelque détachement de troupe se rendait de la frontière à Biarritz ou à Bayonne ; mais les jambes qui venaient vers nous couraient ou plutôt galopaient comme celles des chevaux de la voiture. Ce n’était point là un pas militaire. Bientôt nous distinguâmes une quarantaine de femmes couvertes de haillons sombres ; elles portaient sur la tête un large panier rond et plat rempli de ces petits poissons appelés anchois ou sardines. Ce panier était