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tenu en équilibre par un de leurs bras arrondis ; leur jupe était retroussée jusqu’au genou ; leurs jambes et leurs pieds nus rasaient ainsi que des ailes la poudre et les pierres du chemin ; elles poussaient des cris et des éclats de rire stridents, comme si le bruit de leur voix les eût aiguillonnées dans leur course effrénée.

Chaque jour de pêche à Bidart et à Saint-Jean-de-Luz, aussitôt que les bateaux sont rentrés au port, les pauvres femmes s’emparent de leur cargaison et s’élancent sur la route, elles se précipitent jusqu’à Bayonne sans prendre haleine ; elles font ainsi quatre lieues riant, chantant, le cœur à l’ouvrage, suivant la belle expression populaire. Arrivées à la première enceinte de la ville, elles se divisent et se répandent dans les rues en criant et hurlant : À l’anchois ! à l’anchois ! adare arribat ! fresc et délicat ! à uso le deutzne ! À l’anchois ! à l’anchois ! vite, arrivez ! frais et délicats ! à un sou la douzaine ! — Durant la saison des bains, quelques-unes font une halte à Biaritz.

Parfois la pêche est si abondante que ces petits poissons se donnent, ou se prennent, pour rien. On les voit s’amonceler en bancs argentés le long des côtes de Bidar et de Guetary. Les habitants de ces deux villages se mettent dans l’eau jusqu’à mi-corps :